Et si on parlait expérience plutôt qu’emballage ?

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Design

Bouteille plastique ? bouteille en verre ? Tetra Pack ? Carton ? il n’y a pas d’emballage parfait. Comme le questionnement sur les énergies pétrole, gaz, hydrogène, électrique, c’est l’usage qui éclaire le choix. Encore faut-il connaitre l’ensemble de la chaine : fabricants, industriels, filière de tri et de recyclage et bien entendu l’utilisateur. Arnaud Le Berrigaud nous donne son point de vue d’expert de l’emballage sur le sujet récurrent de la paper bottle.

Arnaud Le Berrigaud
Professionnel de l’emballage – Conseil et formation
alb-expert-pack.fr

DM : Pourquoi quand on vous dit emballage répondez-vous usage ?

A LB : j’ai remarqué qu’on prenait souvent le problème à l’envers. On réfléchi à réduire l’emballage, à le remplacer sans avoir suffisamment réfléchi au produit et à son usage alors que la clé est souvent là, dans l’expérience utilisateur. Le consommateur va t-il faire le tri, jeter les éléments dans la bonne poubelle, est-ce que le nouvel emballage apporte un bénéfice à cet utilisateur ?

DM : On voit beaucoup de projet de « Paper bottle » quel regard portez-vous sur ces initiatives ?

A LB : On peut distinguer déjà les complexes plastiques-cellulose présentés comme substituts aux bouteilles plastiques
et ceux présentés comme alternatives aux bouteilles en verre.

Prenons l’exemple de la « Bio’teille » de Karlville & FPC Packaging vu au CFIA

 

Le principe

On enferme une poche souple en plastique dans une coque rigide en cellulose moulée (comme le BIB / Bag in Box)

Les intérêts

  • Peu de plastique engagé donc moins d’utilisation de ressources non renouvelables (estimation entre 10 et 20% de plastique, le reste en cellulose)
  • 5 fois moins lourd qu’une bouteille en verre.
  • Possibilité d’utiliser un plastique d’origine végétal (voir Coca polyéthylène furanoate (PEF) issu de sucres végétaux développé par Avantium/source 2021) pour le bouchon et le sachet souple.
  • Rigidité de la coque pour maintenir, transporter et utiliser le produit, comparé à une poche soupe (exemple : produits d’entretien ménagers)
  • Coque en cellulose 100% recyclée
  • Possibilité d’utiliser un plastique (Pehd) recyclé hors food contact : c’est pour d’autres application que le vin car le principe est en cours de développement pour d’autres applications
  • Pas besoin de plastique technique pour barrière à la lumière donc meilleure recyclabilité de la poche (filière existante en France)

Quelques points d’amélioration

  • Réduire le poids de tous les composants car il y a encore des marges de manœuvre
  • Voir si possibilité d’imprimer directement sur la coque pour éviter une étiquette supplémentaire et sa colle
  • Obligation de mettre des consignes très claires et motiver le consommateur à séparer les éléments au risque de perdre l’intérêt du recyclé en amont et du recyclage en aval.
  • Le coût est un frein : la productivité lors de la fabrication de l’emballage est très fortement impactée.
  • Attention à l’utilisation en milieu humide.

Arnaud Le Berrigaud
alb-expert-pack.fr

 

1 réponse pour Et si on parlait expérience plutôt qu’emballage ?

  1. Commentaire : Alexandre Durand – Pareidolies

    Merci Arnaud pour cet éclairage.
    Pour aller dans ton sens j’ajouterai : quel type de vin ? est-ce que la perception du shopper en linéaire correspond au niveau de gamme du produit ? Est-ce adapté au moment de consommation (fraîcheur d’un vin blanc ou rosé, conservation au réfrigérateur…) ?

    Il ne s’agit pas de dire qu’une solution d’emballage est bonne ou mauvaise, juste étudier son impact et sa pertinence en fonction du produit et de son usage.

    L’analyse n’est valable qu’à un instant T, les variables du cycle de vie évoluent en permanence : prix des matières premières, prix de l’énergie pour la fabrication, coût du transport, évolution des centres de tri et de recyclage…

    Il n’y a pas de réponse toute faite… c’est pour ça qu’il y a des experts ; )

    ACV