Les Utopies Alimentaires ou comment réinventer le futur de l’alimentation ?

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Développement Durable Innovation et créativité

Les Utopies Alimentaires : un sujet qui bouscule, source d’inspiration et propice aux divagations nécessaires à l’innovation.

C’est Le Sujet qui a été choisi pour la conférence annuelle de LIGERIAA (Association des Entreprises Alimentaires des Pays de la Loire) organisée le 1° octobre dernier dans le cadre de La Fabrique à Stratégie. Son contenu a été préparé par LIME et la séance animée par Gaëlle BRAYER.

Riel MILLER, Directeur de la Prospective à l’UNESCO, a ainsi introduit la conférence en exposant les différents moyens d’inventer l’Avenir : Littératies des futurs, Prospectives et Utopies.

Tour à tour, différentes Utopies alimentaires ont ensuite été exposées.

 

Rêver d’un monde où les sources alimentaires seraient illimitées

Et si les aliments étaient issus de productions instantanées. Cela s’apparente à de la Science-Fiction, et cela a été illustré par un « univers » de science-fiction que nous connaissons bien : celui de Star Trek, créé par Gene Roddenberry en 1966.

Dans ce monde imaginaire, tous les biens de consommation sont disponibles de façon illimitée grâce au réplicateur. La rareté n’existe pas. Nous sommes donc surtout dans le cadre d’une Utopie Economique familière des Futuriens, qui aiment promouvoir le progrès social au travers de la science-fiction. Ce modèle économique, décrit par Manu SAADIA dans son livre Trekomonics : the economics of Star Trek (2016), nous a été présenté via la vidéo d’Arnaud GANTIER, créateur du concept Stupid Economics.

 

Rêver d’un monde où l’alimentation serait un vecteur de connaissances et de lien social

Gervaise DEBUCQUET, Professeur à Audencia, nous a ensuite parlé de l’essor des systèmes d’approvisionnement dits alternatifs, à l’image des circuits-courts, des AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne), des fermes urbaines, des jardins collectifs, … Elle a tenu dans un premier temps à nous rappeler que ces modèles ne sont pas si alternatifs que cela. En effet, ils existaient pour la majorité dans un passé proche. Les maraîchers et les fermes étaient en inclus dans les villes. On allait chercher son lait chez le producteur, avec notre pot réutilisable. On faisait nos courses dans des commerces de proximité qui s’approvisionnaient en local.

Elle a aussi insisté sur plusieurs faits qu’elle a qualifiés d’Utopies alimentaires :

  • L’Utopie liée à la connaissance : ces systèmes d’approvisionnement « alternatifs » ne pourront s’étendre, et seront utiles à la population sans démocratie alimentaire, se traduisant notamment par la réappropriation de l’alimentation, l’acquisition d’un savoir-faire culinaire, d’une montée en compétence. En effet, quelle est l’utilité d’avoir un légume, un poisson, sans savoir comment le cuisiner. Ceci est d’autant plus important dans le cadre des dons d’urgence si on ne veut pas qu’ils conduisent à du gâchis.
  • L’Utopie sociale : l’alimentation a un rôle social. Elle permet de créer du lien qui est amplifié par ses systèmes d’approvisionnement alternatifs (diminution du nombre d’intermédiaires, mise en avant du rôle de l’agriculteur, …). Attention cependant, ces systèmes touchent deux extrêmes : les CSP+ (Catégories Socio-Professionnelles supérieures) qui les adoptent par choix, et les personnes moins aisées, qui n’ont pas le choix de les adopter…
  • L’Utopie du bien-manger : Gervaise a également évoqué le risque de perdre le consommateur sur cet axe. Celui-ci est coincé entre le marteau et l’enclume, sous pression face aux conseils qui arrivent de tous bords : Nutri-score (qui va envahir prochainement les publicités télé), multiplication du nombre d’applications de type Yuka ou Scanup, message sanitaire via manger-bouger.fr, sans gluten, bio, circuit-court, local, Français, éco-conçu, … Face à tous ces conseils, parfois perçus comme des injonctions culpabilisantes, il ne sait plus que choisir et ce qui est bon pour sa santé. Le risque est donc d’arriver à l’inverse de l’effet recherché.

Rêver d’un monde où l’aliment deviendrait un bien commun

Puis, Mathieu DALMAIS, membre d’ISF-AgriSTA (Ingénieur Sans Frontière – Agricultures et souveraineté alimentaire.), nous a parlé d’un projet social : celui de rendre l’alimentation gratuite pour permettre de garantir le droit alimentaire vital pour tous. Sorte de « sécurité sociale » de l’alimentation, ce système pourrait conduire à limiter les conséquences de la pauvreté, qui touche un nombre croissant de personnes.

En effet, en France, 22 % des foyers sont en insuffisance alimentaire (INCA 3 – Anses, Saisine 2014-SA-0234). La Covid-19 a augmenté d’un million le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (Baromètre Pauvreté 2020 Ipsos / Secours Populaire). L’aide alimentaire permet de nourrir 8 millions de personnes. En parallèle, le gaspillage alimentaire ne cesse de croître, malgré l’augmentation de la sensibilisation des acteurs dans ce domaine (Baromètre 2020 sur le gaspillage – COMERSO). Aussi, les ressources sont disponibles pour répondre à cette idée.

 

En conclusion, Martin CALNAN (UNESCO) nous a parlé des Utopies Economiques.

 

Ces Utopies ont-elles bousculé votre esprit ? Vous ont-elles dérangé ou émerveillé ?

N’hésitez pas à nous faire part de vos impressions.

Dans tous les cas, nous espérons vivement qu’elles auront permis la divagation, et la naissance d’idées nouvelles pour notre futur alimentaire !

Merci LIGERIAA et LIME pour ce moment !

 

Article publié par Odile Godard (In’alim).