Quel « bio » met-on dans le bio-plastique ?

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Développement Durable

Pourquoi cette alternative plastique nous a séduit ?
Suite au salon MADE , Catherine Touzard s’est entretenue avec Philippe Michon, co-fondateur de l’entreprise Eranova.

La quête du Graal pour un emballage plastique irréprochable, cochant toutes les cases techniques et de coût, tout en présentant bien en terme environnemental, pousse depuis quelques années sur la scène des matières au suffixe magique, les « bio »plastiques, qui substitueraient à la pétrochimie toutes les vertus induites dans leurs origines végétales.
On est souvent loin du compte, et les allégations environnementales floutées peuvent se retourner contre la marque utilisatrice.

Pour que l’ivraie ne l’emporte pas sur le bon grain en matière d’intrant végétal en polymérisation, voici le profil d’une société qui, prenant le problème par le bon bout, circulaire, apporte une réponse intéressante à explorer.

L’innovation durable : par où commencer ?

Tout comme chaque organisme vivant respecte des lois incontournables liées à son milieu, l’innovation durable ne peut se faire que sous contraintes.

Pour Eranova, deux contraintes de départ fortes :

  • Ne pas utiliser de ressources vivrières.
  • Ne pas utiliser de terres agricoles.

Et une seule voie : chercher, sur place, des ressources naturelles existantes, abondantes, peu chères… En l’occurrence, pour cette société proche de la Méditerranée, un déchet côtier problématique: les fameuses algues vertes. Un poids pour les communes de bord de mer ou d’étang concernées (ici l’étang de Berre) obligées d’enlever régulièrement ces invasives émettrices durant leur dégradation, d’un gaz dangereux pour l’homme et les animaux.

Quelle est la solution proposée ?

A partir de l’amidon des algues, des résines biosourcées, transparentes et sans odeurs , certifiée grade alimentaire, sont développées :
• l’une, compostable domestiquement, appropriée pour de l’emballage de commodités, en agro-alimentaire notamment : films et sacs;
• et une résine non biodégradable, qu’Eranova combine avec des polymers rigides, recyclables, le PE et le PP -voire même sur bases recyclées de le rPE ou rPP -, conservant les caractéristiques techniques et la recyclabilité en filière de tri classique du composé obtenu.

Les applications de cette toute jeune société, retenue par l’Ademe pour son programme Investissement d’Avenir, ne s’arrêteront pas là et des associations d’Alguex avec d’autres polymers aux fonction différentes, notamment l’hydro-solubilité, pourraient être développées.

Une approche vraiment positive en carbone et biodiversité ?

La base végétale ajoutée stocke du carbone, ce qui compense en partie les émissions liées au transport (relativement faible puisque les approvisionnements de la base de Palavas sont locaux) et à la production de l’Alguex. Ceci réduit ainsi l’empreinte du composé final (Alguex + par exemple PE), à hauteur du maximum du taux d’inclusion de l’Alguex.
Matière produite en France, avec un éco-système local, l’impact transport reste restreint. La mise en décharge des algues récupérées et leur traitement est évité.

Dans la logique du modèle de développement, circulaire jusqu’au bout, l’implantation des bassins de traitement des algues est en cours, près des gisements, sur des sites portuaires en revitalisation, et ne pèse pas sur la biodiversité.

Le Graal de l’emballage plastique existe t-il ? Peut être pas, mais la proposition d’Eranova fait bouger la Méditerranée vers un éco-système de plastique plus propre.

A quand un projet en Bretagne ?

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Consultante en économie circulaire.