Que dit réellement cet Eco-score ? A qui s’adresse-t-il ? Pourquoi cette nouvelle information consommateur ? et finalement, pour les marques, est-ce le moment de se mettre en ordre de marche et rejoindre cette démarche volontaire ?
Que nous dit l’eco-score ?
- l’impact des ingrédients et matières premières des emballages, mais de façon générique et sur un mix de provenance moyen. Par exemple : l’impact d’un kilo de farine de blé en production conventionnelle, de 4 œufs d’élevage, et de 200 g de beurre doux pasteurisé donnera un impact ingrédients.
- leurs processus de transformation, par exemple : pour mélanger puis cuire le gâteau, une quantité moyenne d’énergie est retenue, traduite en impacts par des facteurs d’émission locaux (français).
A qui s’adresse l‘Eco-score ?
Quelles limites peut-on voir à l’Eco-score ?
- malgré les bonus/malus, certaines distorsions (liées aux méthodes d’ACV obligatoirement réductrices car basées sur des produits types) pourraient demeurer : les points « regagnés » par une production d’ingrédients ou de viande en bio (défavorisés comme indiqué ci-dessus du fait de rendements plus faibles à l‘ha ou de la durée de vie de l’animal) face au conventionnel intensif, reflèteront-ils tous les co-bénéfices de ces modes d’agriculture ? L’ensemble des flux logistiques seront-ils pris en compte et un produit sourcé et fabriqué localement aura-t-il la même note s’il est vendu dans une autre région ?
- dans une catégorie de produit, tous les produits ont le même score d’ACV sur AgriBalyse. Or, différents facteurs seraient à analyser de façon plus fine pour plus d’exactitude : pour la partie production par exemple, le type de production énergétique (mix énergétique) du pays producteur est le facteur clé en termes d’empreinte carbone. Le bonus/malus de localisation de la production prendra-t-il en compte ces différences de facteurs, au-delà des distances et transport ?
- la durée de vie du produit est-elle prise en compte (important par exemple dans le cas de produits surgelés, impliquant une consommation énegétique de congélation tout le long de leur conservation) ?
- la fin de vie dépend en partie des filières et les lieux de traitement du déchet, les impacts réels peuvent donc être discutés.
II. Une autre limite de l’Eco-score est bien sûr la possibilité de confusion et collusion avec le Nutri-score, du fait de l’adoption d’un modèle proche. Sur l’impact climat, un parallèle certain existe entre aliments génériques bas en carbone et recommandés dans l’alimentation (céréales et légumineuses en bas des pyramides alimentaires et carbone, viandes et laitages en haut par exemple). Mais en entrant dans les détails de produits par catégories, des diffférences Nutri-score Eco-score risquent de perturber le choix du consommateur.
Mais ne pouvant affiner plus que ne le fait AgriBalyse en terme d’ACV, des distorsions d’empreinte peuvent apparaître dans une même catégorie de produit. Parfois, la note Eco-score de certains produits est même contre-intuitivement différente de leur Nutri-score : sur le tableau ci-dessous, on voit que la semoule de blé est moins bien notée que des biscottes extrudées, alors que nutritivement l’inverse est vrai, et qu’en termes d’éco-impacts, le procédé d’extrusion paraît plus énergivore que celui de transformation du blé).
Pourquoi ajouter une nouvelle information sur les packs ?
- Pour les metteurs sur le marché, l’Eco-score permet d’anticiper une probable obligation d’affichage environnemental en préparation au niveau national mais aussi européen, plutôt que de la subir plus tard. Un engagement volontaire véhicule une image d’engagement et de transparence. La démarche permet aussi une meilleure connaissance de certains impacts environnementaux sur toute la chaine de valeur et possiblement d’identifier de nouveaux leviers d’amélioration. Leviers activables quelles que soient les potentielles modifications du système de notation dans le futur.
- Pour le consommateur, l’Eco-score permet de comparer l’impact de différents types de produits (par exemple des biscuits apéritifs, un pot de tapenade et un saucisson). La demande d’information sur les enjeux de l’alimentation, notamment sur le climat, est connue des membres du collectifs, l’Eco-score apporte une réponse à ce besoin, même si les conclusions à tirer sur le produit au regard de la note Eco-score ne sont pas nécessairement évidentes.
- Pour les membres du collectif à l’origine de cette initiative, plusieurs objectifs : guider les consommateurs pour une alimentation plus régénératrice pour l’homme et l’environnement être acteurs de la construction d’une méthodologique fiable et globale, et offrir une preuve de concept (lisibilité, usage, …) pouvant servir de modèle pour le futur PEF.
En conclusion : se mettre en ordre de marche pour rejoindre cette initiative ?
- pour les marques engagées : oui, l’Eco-score vous apportera un soutien de communication tout en vous permettant de vous familiariser avec l’approche de calcul proposée par Eco-score (la méthode future, qui pourra différer en pondération, devrait garder les mêmes paramètres incontournables d’évaluation d’impacts).
En termes de retombées, ce nouvel affichage pourrait ne pas se distinguer de vos certifications actuelles, déjà visibles. En revanche le scan de produits en magasin sur applis vous sera favorable. - pour les marques conventionnelles : l’étude des éco-impacts peut vous permettre d’identifier les leviers de votre chaine de valeurs pour procéder aux améliorations dans un premier temps.
Article publié par Catherine Touzard et la participation d’Odile Godard