Cygnes : une mode durable qui fait de la résistance. Inès Saadallah, co-fondatrice de Cygnes répond aux questions de Catherine Touzard.
Inès Saadallah – cofondatrice de Cygnes
CT : Des collants ultra-résistants, une idée assez forte pour se lancer dans l’aventure de l’entreprenariat ?
IS : Cygnes est née du constat que les collants étaient quasi-jetables, alors que les collants produits il y a un demi-siècle ne l’étaient pas ! Cette obsolescence programmée, nous avons fait le pari de la déconstruire. De lancer des collants ultra-résistants !
L’innovation du projet, son idée forte, ce serait de revenir à ce qui existait avant ! Sur cette idée, on s’est lancés …
CT : Comment avez-vous avancé ?
IS : Sans expérience préalable du textile ou de la mode, nous avons commencé par une phase d’observation du secteur du collant, avec une étude de marché sur la filière.
Constat : tous les produits sur le marché se ressemblent. Mêmes matières et même type de procédés de fabrication. Les marques ont tiré les prix vers le bas en misant sur les volumes, fait des choix de fils et délocalisé massivement en Asie. La fast fashion a amplifié le phénomène.
Puis, après le confinement, nous sommes passés à la phase opérationnelle, en identifiant des fils répondant à notre objectif de qualité et d’ultra-résistance et en cherchant un partenaire en France capable de travailler avec notre fibre.
CT : Le « c’était mieux avant » n’est pas toujours un atout marketing. Le prix supérieur d’une offre de qualité, Made in France, est également un frein à l’achat…
Comment s’y prend-on ?
IS : Notre slogan « vendre le moins de collants possible au plus grand nombre » inverse la logique habituelle. Il nous positionne clairement non pas dans une vision rétro mais une approche concrète du progrès : ne consommer que ce dont nous avons besoin, nous simplifier la vie, avoir des produits fiables.
Côté prix, le curseur de notre site donne quelques repères pour visualiser l’économie réalisée.
En moyenne, les Françaises portant des collants en achètent 15 paires pour tenir l’hiver, soit un budget de 150 euros (avec un collant à 10 euros, porté 3 fois).
Pour le même nombre d’usages il me faudra 2 collants Cygnes à 34 euros, que je porterai au minimum 24 fois chaque (hypothèse basse car nous garantissons jusque 30 usages, et selon l’entretien et le mode d’utilisation, ils peuvent tenir jusque 50 usages).
Economie nette de 82 Euros par hiver.
L’innovation de Cygne est justement dans son offre de service : garantie 30 jours des collants, reprise en fin de vie. Le confinement a fait évoluer les consciences sur les problèmes environnementaux, la responsabilité de la fin de vie des produits commence à soucier certains consommateurs. Nous avons déjà récupéré une tonne de collants consignés (qui ne peuvent être recyclés en collants mais sont lavés et upcyclés en chouchous par un ESAT).
Et enfin notre offre se distingue par une transparence totale de notre chaîne de valeur, nos difficultés et nos preuves d’engagements.
Cygnes a vraiment rencontré son marché. On a même du mal à faire face à la demande alors que nous ne sommes pour l’instant accessible qu’en ligne ! Le taux de réachat est bon pour notre secteur, à 30%, en général à la sortie d’un nouveau produit. Avec seulement de taux de retour très faible à 6%, notre bilan est très encourageant.
CT : Et la suite ?
IS : Nous continuons à innover, améliorer le produit. Impossible à date de sortir des fils pétro-sourcés, l’incorporation de recyclé nuit également à la qualité et donc l’engagement de grande solidité.
Mais nous avons déjà repéré un nouveau fil, et le nouveau challenge sera d’expliquer les différences sur le produit au consommateur.
Et puis, on grandit très vite, nous avons aujourd’hui du mal à répondre à la demande.
Certains nous ont conseillé de délocaliser, mais on tient au Made in France, alors nous allons ouvrir une unité de production…
Ensuite on pourra activer les opportunités de ventes directes.
Nous resterons transparents, proches de nos clients avec des enquêtes de satisfaction en continu… et on discute de nos innovations avec un club privé
d’une centaine de personnes. Bref nous avons encore beaucoup à faire !!
Les clés de réussite de l’ ECO-INNOVATION de Cygnes
- Un bon techno-produit : le fil.
- Une explication simple de l’innovation produit (à faire avancer à mesure des développements)
- Un marketing de qualité, video de qualité, site de qualité
Merci à Inès Saadallah – Propos recueillis par Catherine Touzard – Ecosol
LE REGARD DE CATHERINE :
Fascinée par ces aventuriers de l’offre éco-conçue, qui prennent à contre-pied des marchés de volumes matures et standardisés, j’ai retrouvé chez Cygnes cette conviction chevillée au corps qui permet d’avancer malgré le poids des habitudes consommateurs. Bravo pour l’idée et la démarche d’amélioration continue.