Suite au Foodtech Festival, Stéphane Brunerie qui faisait partie du jury, nous donne son point de vue sur les start ups récompensées lors de l’événement.
Stéphane Brunerie (crédit photo : Gin Pineau)
Après un parcours de 20 ans dans l’agroalimentaire où il a notamment été Directeur Marketing et de l’Offre chez St-Michel, Stéphane Brunerie a créé Le Sens de l’alimentation, un cabinet de conseil en marketing, innovation et tendances. Avec Diane Leroy, il a créé Food Paradoxa, le premier cahier de tendances en mode workshop. Il est aussi créateur du média StripFood qui décrypte l’alimentation pour les professionnels.
EHD : Bonjour Stéphane, peux-tu nous partager tes impressions en tant que jury du FoodTech Festival, suite au pitch des six start-up en lice et l’attribution des prix ?
SB : J’ai eu l’occasion d’intervenir lors de la première édition du FoodTech Festival avec une conférence sur les tendances, et ils m’ont proposé cette année d’intégrer le jury. Nous avons décerné un Prix du jury à Green Spot Technologie [voir l’interview de Manon Ledoux ], et il y avait aussi un Prix du public – attribué à Zalg. Également, un challenger a émergé : Bluff Saucisses.
Nous avons chacun donné notre opinion sur ce qui nous semblait important de récompenser. Pour ma part j’ai évalué la pertinence de la proposition : est-ce que l’entreprise apporte quelque chose de nouveau et de nature à répondre à une tension, ou à casser les barrières à l’entrée d’un marché, etc. Mais il y a aussi l’humain qui compte énormément, la personnalité ainsi que la complémentarité du profil des équipes derrière le projet. C’est l’intérêt des pitchs : des profils se démarquent clairement.
C’est bien qu’on ait primé des entreprises à la fois en B to B et en B to C. Il se trouve que j’avais goûté les produits Bluff Saucisses et Zalg et que j’en avais une bonne image. En alimentaire, le goût c’est le contrat de base avant toute chose.
Le Prix du jury à Green Spot Technologies : j’ai été vraiment séduit par leur démarche d’innovation B to B, et surtout par leur démarche globale. Elle s’attaque à la question de l’upcycling, aux problématiques de gaspillage industriel ; et elle adresse aussi des bénéfices fonctionnels et nutritionnels ; le tout avec la prise en compte de l’impact environnemental.
La proposition est globale et cela me semble décisif car on sait que la FoodTech apporte des réponses parfois partielles à ces enjeux. Ici, l’ingrédient est en plus déclaré comme fruit fermenté sur une liste d’ingrédient : je trouve ça très rassurant d’être une innovation certes technologique – qui s’inspire de procédés ancestraux –, et qui, au final, se déclare comme un ingrédient simple et compréhensible pour le consommateur (vs. une liste d’ingrédients à rallonge).
On résout un problème tout en veillant à l’acceptatibilité et en évitant l’ultra-transformation.
Le Prix du public à Zalg : je trouve leur offre hyper pertinente, les algues sont une ressource durable avec un potentiel énorme. Ils s’attaquent à des freins considérables. Il y a cette volonté de faire rentrer les algues dans notre culture alimentaire, de se les approprier, et j’apprécie leur façon de le faire via la restauration comme levier d’influence et de prescription, et en trouvant des formats innovants et très pratiques comme des bâtonnets d’algues qu’ils viennent de lancer.
Et Bluff a été distingué. Je trouve ça très audacieux car l’hybridation c’est compliqué à adresser en alimentaire. Beaucoup de projets mi-animal mi-végétal n’ont pas fonctionné. Ils sont dans une réponse à plus de végétalisation en ne se positionnant pas de façon binaire et surtout en choisissant le plaisir comme clé d’entrée. Leurs produits ont beaucoup de goût, ils sont très bons via leur assaisonnement, l’utilisation des épices, et leur liste d’ingrédients est très courte. Cette solution contribue à végétaliser l’alimentation tout en étant bonne et en donnant envie. Ce qui m’a plu dans le pitch c’est qu’il transmettait une vision très positive et enthousiasmante, avec une pincée d’humour qui ne gâche rien. L’alimentation est là pour être joyeuse et gourmande, et si c’est en équilibrant végétal / animal je trouve que c’est un bon axe pour embarquer le consommateur.
EHD : Qu’aimerais-tu ajouter à ton feedback sur la journée ?
SB : Le Foodtech Festival est un événement jeune mais qui donne une belle impulsion sur le territoire. La qualité des intervenants et les moments de réseautage sont appréciables. Outre le concours de startup, c’est un événement qui donne envie et qui a du potentiel pour les années à venir : créer un moment d’inspiration, de réflexion, de connexion et de réseau, pour rapprocher les gens et réfléchir à l’alimentation de demain.
Merci à Stéphane Brunerie – Le Sens de l’alimentation
Propos recueillis par Esther Huguenel-Durand de HD Brand Strategy