Jean et Lisette est une toute nouvelle Biscuiterie Bio. Inaugurée en octobre 2018, elle est localisée à Saint-Jean-d’Angely (Charente Maritine), au sein du Pôle Val Bio Ouest, un éco-territoire dédié à la valorisation des bioressources à dominante végétale.
Comment est né ce projet ? Qui est à son origine ? Quel est son but ?
Marie Berger, responsable du site, a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions.
Marie, peux-tu nous dire comment est né ce projet ?
Charles Kloboukoff, Président et Fondateur du Groupe Léa Nature, cherchait depuis 10 ans à nouer un partenariat local avec une biscuiterie. En 2015, il rencontre Maxence d’Audiffret, porteur de projets et sensibilisé par la filière bio. Le feeling passe, et peu à peu, le projet prend forme. Ils sont rejoints par des acteurs de l’amont et de l’aval de la filière biologique à partir de 2016 : la CORAB (Coopérative Régionale d’Agriculture Biologique), la Minoterie Bellot et Biocoop.
Le capital de la biscuiterie est détenu par 5 actionnaires : Léa Nature (24,95 %), DéfiBio – filiale d’investissement de Biocoop (24,95 %), la CORAB (20 %), Maxence d’Audiffret (15,05 %), et la Minoterie Bellot (15,05 %).
Et d’où vient son nom ?
Jean et Lisette vient du nom de la commune où est implantée la biscuiterie : Saint-Jean-d’Angély, en Charente-Maritime. Les fondateurs de la biscuiterie ont cherché à utiliser les sonorités de Saint-Jean-d’Angély et ont finalement trouvé le nom Jean et Lisette.
Quel est ton rôle au sein de la Biscuiterie Jean et Lisette ?
Avant que l’usine voit le jour, je travaillais sur le projet depuis environ 2 ans. On m’a souvent qualifiée de chef d’orchestre du projet.
Nous sommes partis de zéro. Sur un terrain nu, nous avons construit une usine moderne de 2400 m², pour un budget de 7 millions d’€. J’ai contribué d’un peu plus loin au montage de l’usine, à la sélection des équipements, mais de très près à l’identification des ingrédients, à la mise au point des recettes, au recrutement et à la formation des premiers salariés. L’usine a été mise en route en mars 2018. Nous avons obtenu la certification bio, et les premiers paquets de biscuits sont sortis des lignes de production le 16 juillet 2018. Aujourd’hui, je coordonne l’ensemble des activités de l’usine et assure le lien avec les clients.
La biscuiterie emploie 16 salariés et 10 intérimaires. Notre objectif est d’atteindre 20 à 25 salariés à la fin de l’année 2019, ce qui permettra d’atteindre une production annuelle de 8 millions d’UVC / an. Nos capacités de production sont actuellement de 20 à 25 000 UVC / jour, en 2 x 8. Nous disposons de 2 lignes de fabrication, la rotative et le coupe-fil. Nous pouvons donc réaliser des biscuits très variés, sucrés et salés : tartelettes, nappés, goûters fourrés, petits-beurre, palets, cookies. Nous fabriquons essentiellement pour les marques du Groupe Léa Nature (Jardin bio, Karéléa), pour une des marques du groupe Ekibio (Bisson), et prochainement pour la marque Biocoop. Nous espérons aussi développer des produits qui seront commercialisés sous la marque Jean et Lisette, d’ici à la fin 2020. Nous avons également beaucoup de sollicitations pour développer et fabriquer des produits en marque propre.
Tu travailles depuis plus de 10 ans dans le monde de la bio. Quelles évolutions majeures as-tu constatées au sein de cette filière ?
Le marché de la bio a considérablement évolué ces dernières années. Il représente aujourd’hui un chiffre d’affaires de 8,373 milliards d’€. Sa croissance est exponentielle : + 16 % entre 2017 et 2018, + 82 % en 5 ans. De nombreux consommateurs n’ont plus confiance au conventionnel et s’orientent donc vers ce marché qui séduit aujourd’hui toutes les classes de la population. 12 % de la population française consomment des produits bio tous les jours.
La demande croit donc très vite, et beaucoup plus vite que les capacités de production. Même si le nombre d’agriculteurs ayant fait le choix d’une reconversion a augmenté (+ 15 % en 2017 pour une surface agricole totale de 1,745 millions d’ha), cela ne suffit pas à répondre aux besoins. Cette situation a entrainé de grosses difficultés d’approvisionnements. En parallèle, les cahiers des charges se sont durcis. Ils deviennent plus sévères en réponse à l’introduction de matières premières en provenance de pays-tiers.
La croissance extrême fragilise la filière, et risque de conduire à des crises dans les années à venir. Il est donc essentiel d’anticiper ce risque. C’est bien dans cet objectif que nous avons créé Jean et Lisette, véritable coopération entre tous les acteurs de la filière céréales bio, depuis le champ jusqu’à l’assiette : coopérative agricole, minoterie, industriel, distributeur. Ce partenariat innovant contribue à structurer la filière pour la rendre pérenne. Il permet également aux agriculteurs locaux de garantir leur revenu, et d’assurer la maîtrise des approvisionnements, tant du point de vue qualitatif que quantitatif. Par ailleurs, l’usine Jean et Lisette s’inscrit dans le cadre d’un projet durable. Il redynamise un territoire qui a connu par le passé des perturbations économiques (notamment via la fermeture du site de Brossard en 2013).
Pour moi, la pérennité de la bio, et celle de l’agroalimentaire en général passera par la création de partenariats de cette nature, engageant l’ensemble des acteurs dans des démarches durables.
Pour plus de données sur le marché de l’Agriculture Biologique, consulter les chiffres clés de l’Agence Bio.